L’inflation par définition est une hausse du niveau des prix sur une longue période et qui affecte le pouvoir d’achat des consommateurs. Du point de vu de l’entreprise et notamment sur l’Analyse financière, elle a un impact non seulement sur le résultat dégagé par l’activité au cours d’une période donnée mais aussi sur la situation patrimoniale. Voici les raisons:
Certains éléments du compte de produits et charges c’est à dire le compte de résultat sont particulièrement touchés par le phénomène d’inflation:
L’effet de l’inflation sur les stocks
Les stocks étant intégrés dans le calcul du résultat de l’exercice, en période d’inflation, celui-ci se traduit par un gonflement fictif et donc une charge d’impôt élevée à payer sur un résultat non réel. Pour illustrer ce cas, prenons l’exemple suivant:
Une entreprise a été constituée le 01/01/N au capital de 500 000 DHS et utilisé entièrement pour acquisition de marchandises soit 500 tonnes à 1000 DHS la tonne. Au 31/12/N, deux hypothèses sont envisagées:
- Le prix de la tonne est resté inchangé;
- Le prix de la tonne est passé à 1200 DHS la tonne.
Hypothèse 1: prix inchangé
valeur des stocks = 1000 x 500 = 500 000 DHS
Capital= 500 000 DHS
Hypothèse 2: Prix égal à 1200 DHS au lieu de 1000 DHS
Valeur des stocks= 1200 x 500 = 600 000 DHS
Capital = 500 000 DHS
Résultat comptable = 600 000 – 500 000 = 100 000 DHS
On remarque que dans la deuxième hypothèse, l’entreprise dégage un résultat sur une richesse qui n’a pas évoluée (500 tonnes); ce bénéfice est en réalité fictif et comme le résultat comptable est imposable, l’entreprise payera des impôts (IS) = 100 000 DHS X 10% = 10 000 DHS sur une richesse qui n’existe pas en tant que telle.
D’autres éléments sont utilisés soit pour réduire ou aggraver l’effet de l’inflation sur les stocks et impactent le résultat; il s’agit de:
- La vitesse de rotation des stocks
- Les méthodes d’évaluation
Plus la vitesse de rotation des stocks est grande, moins l’impact de l’inflation est sensible. Aussi, les entreprises peuvent tenter de réduire l’effet de l’inflation en utilisant la méthode d’évaluation LIFO ( dernier entré, premier sorti) qui répercute les hausses des coûts d’approvisionnement sur les prix de vente.
La sous-estimation des amortissements
Les immobilisations demeurent inscrites au bilan pour leur coût historique qui sont forcement inférieurs à leur valeur de remplacement en cas d’inflation. Les amortissements imputés sur le compte de produits et charges sont à leur tour sous-estimés car ils sont calculés sur le coût historique des immobilisations amortissables d’où une diminution des charges et de ce fait, un gonflement du résultat ou une réduction des pertes avec pour conséquence, une charge fiscale surévaluée.
Supposons une immobilisation amortissable linéairement sur 5 ans de valeur 200 000 DHS, la dotation annuelle est de: 200 000/5 = 40 000 DHS. A la fin des 5 ans, on constate que la valeur de remplacement de l’immobilisation est de 320 000 donc dotation: 320 000/5= 64000 DHS. On remarque que la charge a été réduite de 24000 DHS (64 000- 40 000) qui va impacter le bénéfice à la hausse et l’entreprise payera une charge d’impôt supplémentaire selon la tranche de taux sur le même montant.
Les charges de personnel
S’il advenait que la hausse des salaires est supérieure à la baisse du pouvoir d’achat de la monnaie, et ne correspond pas à une augmentation de la productivité en termes réel, cela pèse sur la rentabilité réelle de l’entreprise. Cela est d’autant plus grave par le calcul des charges sociales qui est effectué sur la masse salariale.
Les charges financières
En temps d’inflation, les taux d’intérêt ont tendance à augmenter du fait que les prêteurs veulent se protéger contre la perte de capital en additionnant une prime destinée à anticiper l’inflation. Comme cette anticipation reste insuffisante, le gain revient à l’entreprise emprunteuse qui voit sa charge d’intérêt diminuée d’où une charge d’impôt plus élevée.
La mesure de l’évolution de l’activité en période d’inflation
Le ratio qui mesure la croissance du chiffre d’affaires est le suivant:
Variation du chiffre d’affaires (CA) en % = [(CA2- CA1)/CA1] x 100
Exemple: CA1= 2500 DHS, CA2 = 3 200 DHS
Taux de variation = (3200-2500)/2500 x 100 =28%
Si cette hausse est accompagnée d’une perte du pouvoir d’achat de la monnaie, il n’y’a pas de croissance mais de stagnation:
CA1 = 2500 ( soit 250 x 10 DHS)
CA2 = 3200 (soit 250 x 12,8 DHS)
Le volume d’activité est resté stable et la croissance de l’activité devient illusoire en période d’inflation.
Ratio de rentabilité financière et l’inflation(RF)
RF = Résultat net/capitaux propres
Le résultat en cas d’inflation est surévalué à cause de la diminution de la charge d’amortissements. Par contre, les capitaux propres sont sous-évalués dans la mesure où ils gardent toujours leur valeur du bilan.
Exemple: prenons un taux d’inflation de 15% sur une période donnée, les capitaux propres en début de période sont de 10 000 DHS , le résultat est de 1 000 DHS
Avant correction
RF = 1000/10 000 = 10%
Après correction
RF= 870/11500 = 7,6%
870 = 1000/ 1,15
11500= 10 000 x 1,15
Les solutions possible pour maîtriser l’inflation
Comme solutions envisageables; il est préconisé d’usité l’amortissement dégressif du fait qu’il vient compenser les limites de l’amortissement linéaire c’est à dire qu’il ne tient compte que la valeur résiduelle sauf pour la première fois d’application qui concerne la valeur d’origine.
Il y’a également la réduction d’impôt sur les plus values sur cessions des éléments d’actif immobilisé. Cette pratique vise à réduire le gonflement du résultat à travers les produits que cela va générer; ce qui va permettre de compenser l’effet des charge d’amortissement sur le résultat.
La réévaluation partielle de certains bien réels non monétaires (immobilisations corporelles, titres de participation, stocks..etc) à l’aide d’indices appropriés ou sur la base de la valeur de remplacement. Si une différence existe entre la valeur réévaluée et la valeur historique, elle est portée en compte de réserves spéciales de réévaluation.
L’expression des comptes en valeurs de remplacement, elle vise à corriger les limites des valeurs historiques des actifs non monétaires en les remplaçant par des valeurs actuelles et le résultat est analysé à prix constant.
Voilà j’espère que cet article sur l’Analyse financière vous a été utile. Notons que les solutions proposées ne font pas dans l’absolu, elles ont aussi leur limites comme on peut le remarquer avec l’expression des comptes en valeur de remplacement à travers l’interférence du progrès technologique sur celle-ci. Lire les causes de faillite d’entreprise ici
Source: Finance d’entreprise de RACHID BELKAHIA et HASSAN OUDAD